15 ianuarie 2016

Claude Aubé - Le parfum de Soumbedioune (4)


1. En Afrique, tout le monde va bien





4. L’esprit des lieux

A Dakar, pour le touriste qui veut conserver un souvenir ethnique de sa visite, il existe un lieu incontournable, et bien achalandé : le village artisanal. Il se situe en bordure de la plage de Soumbedioune et rassemble de nombreux artisans … et vendeurs qui proposent toutes sortes de souvenirs : en bois, des statues, des tissus, des colifichets, des magnets, de tout… Il faut savoir qu’ici, les prix proposés sont incommensurables ! Rien de ce qu’on te propose ne représente le prix réel et tu dois négocier ! Négocie avec ceux que tu sens artisans… oublie ceux qui ne sont que des vendeurs mais je n’ai pas recette pour t’aider à les différencier ! J’y ai rencontré le responsable des artisans comme il se proclame lui-même, Papa Dieng, un type sympathique qui m’a demandé des photos… et m’a vendu une statue « authentique » particulièrement chère !


Si vous voulez aller au centre-ville de Dakar, il faut aller à Plateau. Plateau, à Dakar, c’est un peu ce que nous appelons « centre-ville ». Mais ici un peu différent de ce que nous avons l’habitude de voir. Le vrai centre est entre la « Place de l’indépendance », incontournable, et le palais de la Présidence, ancien palais du gouverneur au temps de la présence française.




Je me suis beaucoup promené dans ce quartier, appréciant le théâtre « Daniel Sorano », toute mon enfance de théâtreux ! Et aussi cette cathédrale catholique au cœur de la ville. J’ai été étonné qu’ici il n’y ait pas de terrasses où l’on peut profiter d’un café ou d’une bière… ou si peu.

Un autre lieu très intéressant du centre-ville est le marché Kermel. Pour les Européens, c’est un marché qui, d’une part leur rappelle les Halles de Baltard, et qui, d’autre part, leur semble incroyable !
Dans ce bâtiment, rond, couvert d’une structure métallique, existe un marché de fruits, de légumes, de poisson et de viandes. Mais ceci est organisé de façon concentrique ! Sur le pourtour, sont les fruits et légumes de toutes sortes dont beaucoup me sont inconnus, et au centre, on trouve, et la viande, et le poisson…Je suis interpellé par les vendeurs de viande et de poissons. Autour de la viande, que des mouches, pas de vitrines réfrigérées ! Beaucoup de femmes se pressent pour acheter viande et poisson… Je m’interroge sur ce que nous penserions chez nous de tels étals… Ici, ça ne semble pas poser de problème d’acheter une viande qui a été exposée aux mouches dans cette chaleur étouffante !
De l’autre côté de plateau existe un autre marché : le marché Sandaga qui m’attire mais dont mes amis me dissuadent d’aller. C’est un quartier très pauvre, inquiétant où l’on me dit que ma sécurité n’est pas assurée… Dommage, j’aime ces lieux un peu glauques où on peut rencontrer les habitants les plus pauvres qui sont aussi une source étonnante de Système-D !
Ce quartier, je ne le sillonnerai donc seulement en taxi, volant au passage quelques photos, ce qui ne correspond pas à mon éthique ! Notamment pour aller un jour visiter la grande Mosquée. Bâtiment impressionnant avec une cour immense pour accueillir les fidèles de la prière du vendredi et qui tranche par sa propreté avec l’insalubrité du quartier. Car ce quartier est pratiquement plus sale que ce que j’ai trouvé à Mumbai… Et encore, je n’ai pas tout vu !

Il me faut sortir aussi un peu de Dakar et, un week-end, mes amis me proposent d’en Dakar pour aller visiter à quelques trente kilomètres de la ville, un lieu étonnant dans ce pays réputé islamiste, un village où se trouve une cathédrale catholique : Popenguine !
Je ne m’imaginais pas trouver, au cœur su Sénégal, un lieu de culte aussi grand de la religion catholique : une cathédrale de blancheur, merveilleuse, grandiose et dépouillée… et entourée d’un lieu de pèlerinage qui peut accueillir plusieurs milliers de fidèles dans ce petit village côtier !



Mais, le charme du lieu, pour moi, c’est surtout cette plage de sable fin, bordée de chaque côté de falaises rougeâtres, abordée de vagues furieuses et où un restaurant de plage propose des poissons succulents que j’ai rarement appréciés autant, quel que soit le lieu où je fus !
Et sur la plage, quelques artisans, pas agressifs, hommes vrais qui tentent de vivre à qui j’ai acheté des souvenirs, plus authentiques qu’à Dakar… Et longeant la plage, surplombant la mer, des villas dont une à vendre que nous avons regardé avec envie avec S. qui m’accompagnait… Tellement merveilleux que j’ai fait moultes photos sur cette plage… de paysages et aussi de cette belle femme… et de courlis peu farouches qui péchaient au milieu des promeneurs.
Sur la route du retour, je rencontre ma première termitière mais je ne vois pas de termites. Quand même impressionnant la hauteur de ce refuge.


Je ne voulais pas quitter Dakar sans aller visiter le musée qui a été fait dans la maison de Léopold Sédar Senghor. A l’occasion du sommet de la Francophonie en 2009, sa maison a été restaurée et est aujourd’hui un musée. Et même si hélas, il y est interdit d’y faire quelque photo que ce soit, il est très intéressant de la visiter. On y découvre une maison magnifique mais simple, sans ostentation et on y visite toutes les parties qui furent utilisé par ce grand homme. Y compris la chambre de Philippe, son fils qui décéda d’un accident à 31 ans. Pour moi, un lieu incontournable à visiter…
Mon séjour à Dakar se termine ! C.me propose pour le dernier week-end que nous allions sur l’île de Ngor. Expérience exceptionnelle, car il faut aller à l’île, qui n’est qu’à quelques encablures des Almadies mais accessible qu’en pirogues ! Pour embarquer, il faut oublier chaussures et chaussettes, mettre les pieds dans l’eau !

Mais, aborder à Ngor, c’est une merveille ! La plus belle île, pour moi, au large de Dakar ! Se promener de la plage jusqu’au sommet de l’île est, à chaque pas, un enchantement : les ruelles, les maisons, les lézards qui vous font de l’œil, les paysages qui dominent la mer, la maison de France Gall que je voulais aussi voir… Un havre de paix… J’ai vraiment aimé cette île, surtout dans ce restaurant de plage où j’ai mangé de la pieuvre au barbecue… un bonheur !



Et de retour sur le continent, et avant de quitter Dakar, j’ai à vous parler d’un lieu particulier auquel je suis allé plusieurs fois : la plage de Soumbedioune ! Si c’est une plage de sable de 300 mètres de long, nichée au creux de la corniche ouest, aucune chance de venir s’y baigner ! C’est surtout le lieu de rassemblement des pécheurs locaux.
Si vous allez sur cette plage avant quatre heures de l’après-midi, vous ne verrez rien qu’une plage incroyablement sale, polluée par des sacs plastiques, des déchets de toute sorte, des poissons et des chats morts… et puants, des cornes de boucs, de vaches, bref, une sorte de cloaque !



Mais, à partir de seize heures, commencent à arriver du large les pirogues de pécheurs. Dans les rouleaux des vagues, ils abordent le sable et commence un ballet étonnant de locaux qui viennent les aider à mener leurs barques au sommet de la plage. Ici, aucun système de treuils comme nous en connaissons : des cylindres de bois sont roulés sur la plage, placés sous les pirogues et les hommes, à la force des bras, les amènent jusqu’au plus haut de la plage.



Ce que j’ai constaté et qui m’a beaucoup plu est que tous les pécheurs, qui sont concurrents pour la vente de leur poisson, s’entraident pour mener les barques au plus haut de la plage. Quand tous les pécheurs sont rentrés, impossible de passer au travers des pirogues : elles sont au touche à touche !
Et ensuite, sur une langue de sable léchée par les vagues, les femmes installent des tables de fortunes pour proposer la pèche du jour aux chalands qui passent, dans une saleté et une puanteur qui ferait fuir toutes nos femmes européennes…

Pour moi, cela restera comme le meilleur souvenir authentique de mon séjour à Dakar : le parfum de Soumbedioune ! 

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