1. En Afrique, tout le monde va bien
4. L’esprit des lieux
A Dakar, pour le
touriste qui veut conserver un souvenir ethnique de sa visite, il existe un lieu
incontournable, et bien achalandé : le village artisanal. Il se situe en bordure de la plage de
Soumbedioune et rassemble de nombreux artisans … et vendeurs qui proposent
toutes sortes de souvenirs : en bois, des statues, des tissus, des
colifichets, des magnets, de tout… Il faut savoir qu’ici, les prix proposés
sont incommensurables ! Rien de ce qu’on te propose ne représente le prix
réel et tu dois négocier ! Négocie avec ceux que tu sens artisans… oublie
ceux qui ne sont que des vendeurs mais je n’ai pas recette pour t’aider à les
différencier ! J’y ai rencontré le responsable des artisans comme il se
proclame lui-même, Papa Dieng, un type sympathique qui m’a demandé des photos… et
m’a vendu une statue « authentique » particulièrement chère !
Si vous voulez
aller au centre-ville de Dakar, il faut aller à Plateau. Plateau, à Dakar, c’est un peu ce que nous appelons
« centre-ville ». Mais ici un peu différent de ce que nous avons
l’habitude de voir. Le vrai centre est entre la « Place de
l’indépendance », incontournable, et le palais de la Présidence, ancien
palais du gouverneur au temps de la présence française.
Je me suis
beaucoup promené dans ce quartier, appréciant le théâtre « Daniel
Sorano », toute mon enfance de théâtreux ! Et aussi cette cathédrale
catholique au cœur de la ville. J’ai été étonné qu’ici il n’y ait pas de
terrasses où l’on peut profiter d’un café ou d’une bière… ou si peu.
Un autre lieu
très intéressant du centre-ville est le marché Kermel. Pour les Européens, c’est un marché qui, d’une part leur
rappelle les Halles de Baltard, et qui, d’autre part, leur semble
incroyable !
Dans ce bâtiment,
rond, couvert d’une structure métallique, existe un marché de fruits, de
légumes, de poisson et de viandes. Mais ceci est organisé de façon
concentrique ! Sur le pourtour, sont les fruits et légumes de toutes
sortes dont beaucoup me sont inconnus, et au centre, on trouve, et la viande,
et le poisson…Je suis interpellé par les vendeurs de viande et de poissons.
Autour de la viande, que des mouches, pas de vitrines réfrigérées ! Beaucoup
de femmes se pressent pour acheter viande et poisson… Je m’interroge sur ce que
nous penserions chez nous de tels étals… Ici, ça ne semble pas poser de
problème d’acheter une viande qui a été exposée aux mouches dans cette chaleur
étouffante !
De l’autre côté
de plateau existe un autre marché : le marché Sandaga qui m’attire mais
dont mes amis me dissuadent d’aller. C’est un quartier très pauvre, inquiétant
où l’on me dit que ma sécurité n’est pas assurée… Dommage, j’aime ces lieux un
peu glauques où on peut rencontrer les habitants les plus pauvres qui sont
aussi une source étonnante de Système-D !
Ce quartier, je
ne le sillonnerai donc seulement en taxi, volant au passage quelques photos, ce
qui ne correspond pas à mon éthique ! Notamment pour aller un jour visiter
la grande Mosquée. Bâtiment impressionnant avec une cour immense pour
accueillir les fidèles de la prière du vendredi et qui tranche par sa propreté
avec l’insalubrité du quartier. Car ce quartier est pratiquement plus sale que
ce que j’ai trouvé à Mumbai… Et encore, je n’ai pas tout vu !
Il me faut
sortir aussi un peu de Dakar et, un week-end, mes amis me proposent d’en Dakar
pour aller visiter à quelques trente kilomètres de la ville, un lieu étonnant
dans ce pays réputé islamiste, un village où se trouve une cathédrale
catholique : Popenguine !
Je ne m’imaginais
pas trouver, au cœur su Sénégal, un lieu de culte aussi grand de la religion
catholique : une cathédrale de blancheur, merveilleuse, grandiose et
dépouillée… et entourée d’un lieu de pèlerinage qui peut accueillir plusieurs
milliers de fidèles dans ce petit village côtier !
Mais, le charme
du lieu, pour moi, c’est surtout cette plage de sable fin, bordée de chaque
côté de falaises rougeâtres, abordée de vagues furieuses et où un restaurant de
plage propose des poissons succulents que j’ai rarement appréciés autant, quel
que soit le lieu où je fus !
Et sur la plage,
quelques artisans, pas agressifs, hommes vrais qui tentent de vivre à qui j’ai
acheté des souvenirs, plus authentiques qu’à Dakar… Et longeant la plage,
surplombant la mer, des villas dont une à vendre que nous avons regardé avec
envie avec S. qui m’accompagnait… Tellement merveilleux que j’ai fait moultes photos sur cette plage… de paysages et aussi de cette
belle femme… et de courlis peu farouches qui péchaient au milieu des
promeneurs.
Sur la route du
retour, je rencontre ma première termitière mais je ne vois pas de termites.
Quand même impressionnant la hauteur de ce refuge.
Je ne voulais
pas quitter Dakar sans aller visiter le musée qui a été fait dans la maison de
Léopold Sédar Senghor. A l’occasion du sommet de la Francophonie en 2009, sa
maison a été restaurée et est aujourd’hui un musée. Et même si hélas, il y est
interdit d’y faire quelque photo que ce soit, il est très intéressant de la
visiter. On y découvre une maison magnifique mais simple, sans ostentation et
on y visite toutes les parties qui furent utilisé par ce grand homme. Y compris
la chambre de Philippe, son fils qui décéda d’un accident à 31 ans. Pour moi,
un lieu incontournable à visiter…
Mon séjour à
Dakar se termine ! C.me propose pour le dernier week-end que nous
allions sur l’île de Ngor.
Expérience exceptionnelle, car il faut aller à l’île, qui n’est qu’à quelques
encablures des Almadies mais accessible qu’en pirogues ! Pour embarquer,
il faut oublier chaussures et chaussettes, mettre les pieds dans l’eau !
Mais, aborder à
Ngor, c’est une merveille ! La plus belle île, pour moi, au large de
Dakar ! Se promener de la plage jusqu’au sommet de l’île est, à chaque
pas, un enchantement : les ruelles, les maisons, les lézards qui vous font
de l’œil, les paysages qui dominent la mer, la maison de France Gall que je
voulais aussi voir… Un havre de paix… J’ai vraiment aimé cette île, surtout
dans ce restaurant de plage où j’ai mangé de la pieuvre au barbecue… un bonheur !
Et de retour sur
le continent, et avant de quitter Dakar, j’ai à vous parler d’un lieu
particulier auquel je suis allé plusieurs fois : la plage de Soumbedioune ! Si c’est une plage de sable de 300
mètres de long, nichée au creux de la corniche ouest, aucune chance de venir
s’y baigner ! C’est surtout le lieu de rassemblement des pécheurs locaux.
Si vous allez
sur cette plage avant quatre heures de l’après-midi, vous ne verrez rien qu’une
plage incroyablement sale, polluée par des sacs plastiques, des déchets de
toute sorte, des poissons et des chats morts… et puants, des cornes de boucs,
de vaches, bref, une sorte de cloaque !
Mais, à partir
de seize heures, commencent à arriver du large les pirogues de pécheurs. Dans
les rouleaux des vagues, ils abordent le sable et commence un ballet étonnant
de locaux qui viennent les aider à mener leurs barques au sommet de la plage.
Ici, aucun système de treuils comme nous en connaissons : des cylindres de
bois sont roulés sur la plage, placés sous les pirogues et les hommes, à la
force des bras, les amènent jusqu’au plus haut de la plage.
Ce que j’ai
constaté et qui m’a beaucoup plu est que tous les pécheurs, qui sont
concurrents pour la vente de leur poisson, s’entraident pour mener les barques
au plus haut de la plage. Quand tous les pécheurs sont rentrés, impossible de
passer au travers des pirogues : elles sont au touche à touche !
Et ensuite, sur
une langue de sable léchée par les vagues, les femmes installent des tables de
fortunes pour proposer la pèche du jour aux chalands qui passent, dans une
saleté et une puanteur qui ferait fuir toutes nos femmes européennes…
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