5 ianuarie 2016

Claude Aubé - Le parfum de Soumbedioune (I)

Je remercie Claude Aubé pour sa généreuse permission de publier son texte sur ce blog, Pour des raisons de facilitation de la lecture, nous avons décidé de le publier en quatre parties, accompagnées de photos prises lors du séjour de l'auteur à Dakar.



1. En Afrique, tout le monde va bien

« Bonjour, ça va ? » Ce sont les premiers mots que j’entends quand je sors de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar… Et çà insiste au fil des pas : « Bonsoir, ça va… et la famille, ça va ? » Je m’étonne, je ne suis pas vraiment habitué à ce que l’on s’enquiert de l’état de santé de ma famille. Je vais vite comprendre qu’ici, c’est le passeport pour t’aborder, pour te proposer un taxi, pour te vendre une carte de téléphone, un souvenir… Un ami devait m’attendre ici à l’arrivée de l’avion avec une pancarte « România » mais je ne le vois pas, je suis dans une sorte de tunnel grillagé que je dois suivre avec mon bagage un peu trop lourd pour moi… De chaque côté de ces barrières sont des hommes noirs qui me proposent tous un taxi, une aide, je me sens oppressé, agressé, inquiet de ne pas voir ce qui était programmé et je sors enfin de ce tunnel qui semble un peu comme une sorte de camp de concentration pour déboucher dans un parking où un noir me dit que je ne peux aller plus loin avec mon chariot à bagage…


C’est un moment d’angoisse ! Mon GSM de Roumanie ne fonctionne pas ! Un noir – désolé, je ne peux me résoudre à dire un local même si je sais qu’aujourd’hui on doit dire « un homme de couleur » ! de quelle couleur dis donc ? – me propose de téléphoner pour moi à l’ami qui devait m’attendre. J’accepte, ça coûte mais j’accepte, je suis si déboussolé… Enfin je parle à mon ami, et il ne comprend pas où je suis. Moi j’ai de la peine à lui donner un repère dans un lieu qui m’est inconnu : grand moment de solitude ! Un noir me propose une carte Orange pour mon portable : 10 euros, j’achète mais… la SIM ne rentre pas dans mon GSM ! J’apprendrais ensuite qu’il faut la faire tailler dans un magasin Orange pour qu’elle rentre dans le mobile ! Découverte de l’Afrique, de l’irrationnel, d’un autre monde…

Enfin, après un autre appel, nous réussissons à nous retrouver. Grand moment de bonheur et nous partons dans une ville inconnue pour moi jusqu’à l’endroit où je vais vivre deux semaines de ma vie à Dakar. L’appartement est sommaire mais vaste et je vais m’y sentir bien, c’est sûr ! Première nuit où je découvre qu’il faut dormir sous une moustiquaire pour éviter les problèmes de piqûres d’insectes… Comme enfermé sous une carapace : une curiosité pour moi mais une sécurité contre l’anophèle qui guette le touriste de passage… Belle première nuit, je suis fatigué par un si long voyage et quand je me réveille, sur mon balcon, deux milans noirs sont perchés, qui me regardent, nullement impressionnés par ma présence et qui viendront me visiter tout au long de mon séjour.


Le lendemain, nous avons du boulot : il faut préparer l’exposition de photos pour laquelle j’ai été invité ici. Elle a lieu dans un endroit merveilleux, face à la mer dans un endroit qui s’appelle « Place du souvenir africain ». C’est un lieu situé sur une pointe qui s’avance dans la mer, avec des lieux d’expositions, un auditorium, une librairie et au bout, face à l’océan, une immense installation de la carte de l’Afrique, où chaque pays est positionné avec le drapeau de son pays ! Un lieu de promenade affectionné par les habitants de Dakar, surtout le soir…

La salle où je vais exposer est une salle ronde où quand j’entre là, je suis un peu déstabilisé par ce lieu vide, en rotonde soutenue par des colonnes, vide ! Ciprian me rassure : « C’est l’Afrique mais tout va être résolu ! » Et nous nous attachons à commencer l’installation de l’exposition. Mon inquiétude tombe rapidement quand des locaux arrivent qui finalement se révèlent très efficaces pour installer les photos par trois du plafond vers le sol. Deux jours de boulot pour ajuster mes tirages entre des supports de bois et des verres « à l’Africaine » c’est à dire pas toujours dans des dimensions adéquates… 


Après deux jours de travail, l’expo était prête et… je dois dire magnifique ! Nous n’avions plus qu’à nous habiller pour le vernissage !
A 18 heures, j’étais sur le pied de guerre pour rencontrer ceux qui avaient voulu participer à ce moment important pour la Roumanie puisque cette exposition m’avait été demandée par son Excellence l’Ambassadeur de Roumanie, Ciprian Mihali pour célébrer les 50 ans des relations diplomatiques entre la Roumanie et le Sénégal. Qu’un Français ait été choisi pour représenter la Roumanie va rester pour moi un moment inoubliable de ma vie et une immense fierté !
Ce fut un moment émouvant et pour moi une sorte de reconnaissance que quelque part j’étais devenu un citoyen du pays que j’avais choisi ! Même s’il ne m’a pas encore accepté comme un citoyen véritable.
Tous les gens qui y sont venus étaient éminemment enthousiastes, sympathiques, désireux de connaître la Roumanie ! Quelques discours, la présence d’un ex ministre de la culture et un discours superbe de son Excellence l’Ambassadeur… Puis un cocktail organisé par l'ambassade et  le Consul honoraire de Roumanie à Dakar, un libanais sympathique et sa femme dont je n’ai pas vraiment pas bien compris le rôle. Des gens importants !


Après ce vernissage, nous sommes allés dîner dans un restaurant du bord de mer sur la pointe des Almadies, lieu privilégié des expatriés à Dakar. Lieu merveilleux dont je reparlerai plus avant.


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