1. En Afrique, tout le monde va bien
2. A la découverte
de Dakar
Dès le
lendemain, j’ai voulu visiter Dakar, seul, avec l’outil qui ne me quitte
jamais, mon Nikon D750, comme un type qui marche, qui voit, qui rencontre des
hommes, d’autres hommes… et aussi des lieux remplis de charme sur les deux corniches
qui entourent Dakar.
Alors je suis
parti pour voir une statue incroyable que les Coréens du Nord ont construits
ici : la statue de la Renaissance
Africaine ». Inconcevable
réalisation ! Une statue de 70 de mètres de haut dont tout le monde dit
que les personnages représentés, un homme musculeux coiffé d’un fes qui porte
un enfant sur son bras, celui-ci montrant du doigt l’horizon sur l’océan et,
derrière l’homme, collée à lui et en tenu très légère, une femme, sont purement
et simplement la représentation de l’ancien président Wade, de son épouse et de
son fils.
Cette statue
monstrueuse est construite sur une des deux « mamelles » de Dakar.
Ainsi nomme-t-on ici ces deux collines qui surplombent la mer, sur la corniche
ouest vers les Almadies. Un immense escalier de pierre amène le visiteur
jusqu’au pied de la statue sur une belle esplanade d’où l’on a une vue à 360°
sur la ville et l’aéroport tout proche. Et pour cela, il faut débourser au
visiteur étranger une somme rondelette car ici on pratique un tarif spécial
pour les « non-résidents », c’est-à-dire en un mot qu’on rackette les
touristes de passages… comme je l’ai rencontré en République de Moldavie !
Au
rez-de-chaussée, on découvre les arcanes de la construction de cette immense
statue et ainsi on constate combien il fut difficile de stabiliser cette
colline constituée de roches volcaniques pour y construire ce projet d’un poids
considérable. Un ascenseur ultra rapide vous conduit 15 étages plus hauts pour
admirer Dakar au travers de la coiffe, le fes de l’homme est en effet truffé de
fenêtres qui permettent au visiteur une vue encore plus merveilleuse sur Dakar…
Ensuite la
visite, toujours grâce à l’ascenseur, s’arrête au 3ème étage où se
trouve un petit musée puis on descend dans le salon présidentiel du 2ème
étage où le président Wade recevait ses hôtes de marque. Puis par l’escalier,
on accède à une salle où se trouvent les expositions temporaires. Pour ma part,
j’y ai vu une exposition superbe de statues de bois et de terre de toutes les
ethnies du Sénégal.
Je reste encore
un peu pour admirer le panorama et je shoote le phare sur l’autre mamelle que
je n’aurai pas le temps d’escalader. Au pied de la statue, vers la plage, un
très grand hôtel en construction qui ne sera jamais fini : le
commanditaire était… Kadhafi !
De là, je décide
d’aller un peu plus bas sur la corniche Ouest en direction du centre car sur
une petite plage en contrebas, se dresse une moquée dominant la mer, toute
blanche avec des dômes verts, surmontée de deux minarets ressemblant à des
phallus !. En route, un militaire m’arrête : « tu es seul
ici ? » « Oui » « Fais attention mon frère, ça peut
être dangereux ! » « Merci, mon frère, je suis habitué, j’ai été
en Inde, seul, et suis préparé…. » Et je descends vers cette mosquée,
cette plage de pécheurs.
C’est la mosquée
de la Divinité. Pas de touristes ici et c’est ce qui me plaît ! J’arrive
sur la plage où s’alignent quelques pirogues. Des pécheurs qui palabrent, mais
c’est le matin et la majorité des pécheurs sont en mer. Entre les cases des
pécheurs, je trouve un pélican blessé dont la partie inférieure du bec a été
cassée ! Je souffre pour lui mais les pécheurs me disent qu’ils l’ont
adopté et qu’ils le nourrissent.
Comme je remonte
vers la corniche, plusieurs enfants viennent à moi. Ils me demandent des
photos. Je les shoote, ils sont heureux, moi aussi ! Je comprends alors
que mon appareil, qui parfois est un obstacle avec les adultes est, au
contraire un passeport pour les enfants que je rencontre…
Me baladant dans
Dakar, il y a deux choses qui m’ont surprises, étonnées ! En premier lieu,
ces sortes de transports publics, des maxi-taxis comme on dit en Roumanie mais
colorés, peints, dont je n’ai pas compris le fonctionnement mais que, comme
photographe, j’ai immédiatement adoré.
Et ensuite, les
taxis ! Un vrai poème : des voitures qui ont 40 ans, pour certaines, soudées
de partout, les portières ne fermant pas et dont il faut discuter le prix avant
de monter sur un siège qui n’a plus les ressorts de supporter quiconque. Mais,
rapidement, j’ai compris comment ça fonctionnait ! Et je me débrouille
assez bien avec eux. Sauf le jour où je suis monté dans l’un deux pour
comprendre après 200 mètres qu’il ne comprenait pas un mot de français et
ne savait pas où j’allais !
Dans un petit
matin ensoleillé, je me décide à aller visiter le cap Manuel. Sur la carte de Dakar, j’ai vu qu’il est une pointe
rocheuse qui domine la mer entre la corniche ouest et la corniche est. Et en
tant que marin, les phares m’ont toujours attirés ! Je m’y fais conduire
par un taxi et c’est loin d’où je réside. Passé le Plateau, la route ma parait
interminable mais j’y arrive enfin et, quelque part je comprends pourquoi ma
négociation avec le taxi s’était soldé par un prix assez fort : c’est loin
de tout !
Mais, ça se
mérite ! Ce cap qui s’avance dans la mer, si proche de la ville est un
lieu sauvage et impressionnant : des falaises hautes de roches noires
dominent le littoral battu par les vagues de l’Atlantique. Et, au milieu de ces
tourments de la mer, passent les pirogues qui se dirigent vers Soumbedioune…
Moment magique où je ne sens plus du tout dans une ville, une capitale…
Je photographie
le phare comme un marin privé du large et je décide de descendre la corniche Est
jusqu’au port – environ 7 km – tout en posant quelques chèvres qui se promènent
en ce lieu insolite où il n’y a rien à brouter ! Viens un jeune vers moi
qui m’interpelle : « vous faites des photos dans une enceinte
militaire, c’est interdit ! » « Mais qui êtes-vous ? Je
photographie des chèvres et je doute que ce soit un objectif
militaire ! » Il s’énerve, je menace d’appeler mon Ambassade, lui
demande sa carte puisqu’il indique qu’il est un agent de sécurité comme il le
prétend… Il me montre une carte d’étudiant ! Je lui dis qu’il n’a aucune autorité
pour me demander quoi que ce soit et je pars. Un autre jeune vient à sa
rescousse et je commence à m’inquiéter mais je poursuis ma route, sourd à leurs
demandes. Après quelques minutes, du haut de la falaise arrivent deux militaires,
l’un en civil, l’autre en militaire qui me disent qu’on a signalé que je
photographie des objectifs militaires. Nous discutons, j’explique que je suis
touriste, photographe et qu’à ce titre j’ai fait des photos de paysage… Ils
exigent de voir les photos sur mon display… et constatent qu’il n’y a pas
matière à fouetter un chat… et me souhaitent un bon séjour…
Belle journée et
belle route qui me conduit jusqu’au port de commerce où règne une animation
inhabituelle : sur les quais, on a dressé des barnums où quelques Imams
reçoivent des fidèles, où se presse une foule immense. Je sors de la zone et me
retrouve à côté d’un parc où je vois de nombreuses femmes qui préparent sur des
feux, un repas. Certaines coupent de la viande, d’autres la cuisent, et aussi d’autres
préparent des légumes. Je suis attiré… viens à moi Moktar qui me dit :
« mon frère, tu veux entrer ici ? Je te conduis car sans moi, tu ne
peux entrer, ici, on fête le retour du Prophète que les Français avaient
exilé ! » Français étant moi-même, je me sens petit mais il me
promène dans le parc et m’autorise à faire des photos. Quand je la quitte, il
me met autour du cou un collier tribal que je porte encore aujourd’hui… mais il
me dit aussi que pour organiser cette fête, ce serait bien que je participe
pour un sac de riz ! Moi, ignorant le coût d’un sac de riz, je donne 5.000
francs CFA et il me dit : « mon frère, un sac, c’est 10.000 c’est-à-dire
« 15 € » ce que j’ai donné, bien sûr !
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