7 ianuarie 2016

Claude Aubé - Le parfum de Soumbedioune (2)



1. En Afrique, tout le monde va bien



2. A la découverte de Dakar

Dès le lendemain, j’ai voulu visiter Dakar, seul, avec l’outil qui ne me quitte jamais, mon Nikon D750, comme un type qui marche, qui voit, qui rencontre des hommes, d’autres hommes… et aussi des lieux remplis de charme sur les deux corniches qui entourent Dakar.

Alors je suis parti pour voir une statue incroyable que les Coréens du Nord ont construits ici : la statue de la Renaissance Africaine ». Inconcevable réalisation ! Une statue de 70 de mètres de haut dont tout le monde dit que les personnages représentés, un homme musculeux coiffé d’un fes qui porte un enfant sur son bras, celui-ci montrant du doigt l’horizon sur l’océan et, derrière l’homme, collée à lui et en tenu très légère, une femme, sont purement et simplement la représentation de l’ancien président Wade, de son épouse et de son fils.






Cette statue monstrueuse est construite sur une des deux « mamelles » de Dakar. Ainsi nomme-t-on ici ces deux collines qui surplombent la mer, sur la corniche ouest vers les Almadies. Un immense escalier de pierre amène le visiteur jusqu’au pied de la statue sur une belle esplanade d’où l’on a une vue à 360° sur la ville et l’aéroport tout proche. Et pour cela, il faut débourser au visiteur étranger une somme rondelette car ici on pratique un tarif spécial pour les « non-résidents », c’est-à-dire en un mot qu’on rackette les touristes de passages… comme je l’ai rencontré en République de Moldavie !
Au rez-de-chaussée, on découvre les arcanes de la construction de cette immense statue et ainsi on constate combien il fut difficile de stabiliser cette colline constituée de roches volcaniques pour y construire ce projet d’un poids considérable. Un ascenseur ultra rapide vous conduit 15 étages plus hauts pour admirer Dakar au travers de la coiffe, le fes de l’homme est en effet truffé de fenêtres qui permettent au visiteur une vue encore plus merveilleuse sur Dakar…
Ensuite la visite, toujours grâce à l’ascenseur, s’arrête au 3ème étage où se trouve un petit musée puis on descend dans le salon présidentiel du 2ème étage où le président Wade recevait ses hôtes de marque. Puis par l’escalier, on accède à une salle où se trouvent les expositions temporaires. Pour ma part, j’y ai vu une exposition superbe de statues de bois et de terre de toutes les ethnies du Sénégal. 


Je reste encore un peu pour admirer le panorama et je shoote le phare sur l’autre mamelle que je n’aurai pas le temps d’escalader. Au pied de la statue, vers la plage, un très grand hôtel en construction qui ne sera jamais fini : le commanditaire était… Kadhafi !
De là, je décide d’aller un peu plus bas sur la corniche Ouest en direction du centre car sur une petite plage en contrebas, se dresse une moquée dominant la mer, toute blanche avec des dômes verts, surmontée de deux minarets ressemblant à des phallus !. En route, un militaire m’arrête : « tu es seul ici ? » « Oui » « Fais attention mon frère, ça peut être dangereux ! » « Merci, mon frère, je suis habitué, j’ai été en Inde, seul, et suis préparé…. » Et je descends vers cette mosquée, cette plage de pécheurs. 

C’est la mosquée de la Divinité. Pas de touristes ici et c’est ce qui me plaît ! J’arrive sur la plage où s’alignent quelques pirogues. Des pécheurs qui palabrent, mais c’est le matin et la majorité des pécheurs sont en mer. Entre les cases des pécheurs, je trouve un pélican blessé dont la partie inférieure du bec a été cassée ! Je souffre pour lui mais les pécheurs me disent qu’ils l’ont adopté et qu’ils le nourrissent. 



Comme je remonte vers la corniche, plusieurs enfants viennent à moi. Ils me demandent des photos. Je les shoote, ils sont heureux, moi aussi ! Je comprends alors que mon appareil, qui parfois est un obstacle avec les adultes est, au contraire un passeport pour les enfants que je rencontre…
Me baladant dans Dakar, il y a deux choses qui m’ont surprises, étonnées ! En premier lieu, ces sortes de transports publics, des maxi-taxis comme on dit en Roumanie mais colorés, peints, dont je n’ai pas compris le fonctionnement mais que, comme photographe, j’ai immédiatement adoré.
Et ensuite, les taxis ! Un vrai poème : des voitures qui ont 40 ans, pour certaines, soudées de partout, les portières ne fermant pas et dont il faut discuter le prix avant de monter sur un siège qui n’a plus les ressorts de supporter quiconque. Mais, rapidement, j’ai compris comment ça fonctionnait ! Et je me débrouille assez bien avec eux. Sauf le jour où je suis monté dans l’un deux pour comprendre après 200 mètres qu’il ne comprenait pas un mot de français et ne savait pas où j’allais !


Dans un petit matin ensoleillé, je me décide à aller visiter le cap Manuel. Sur la carte de Dakar, j’ai vu qu’il est une pointe rocheuse qui domine la mer entre la corniche ouest et la corniche est. Et en tant que marin, les phares m’ont toujours attirés ! Je m’y fais conduire par un taxi et c’est loin d’où je réside. Passé le Plateau, la route ma parait interminable mais j’y arrive enfin et, quelque part je comprends pourquoi ma négociation avec le taxi s’était soldé par un prix assez fort : c’est loin de tout !
Mais, ça se mérite ! Ce cap qui s’avance dans la mer, si proche de la ville est un lieu sauvage et impressionnant : des falaises hautes de roches noires dominent le littoral battu par les vagues de l’Atlantique. Et, au milieu de ces tourments de la mer, passent les pirogues qui se dirigent vers Soumbedioune… Moment magique où je ne sens plus du tout dans une ville, une capitale…


Je photographie le phare comme un marin privé du large et je décide de descendre la corniche Est jusqu’au port – environ 7 km – tout en posant quelques chèvres qui se promènent en ce lieu insolite où il n’y a rien à brouter ! Viens un jeune vers moi qui m’interpelle : « vous faites des photos dans une enceinte militaire, c’est interdit ! » « Mais qui êtes-vous ? Je photographie des chèvres et je doute que ce soit un objectif militaire ! » Il s’énerve, je menace d’appeler mon Ambassade, lui demande sa carte puisqu’il indique qu’il est un agent de sécurité comme il le prétend… Il me montre une carte d’étudiant ! Je lui dis qu’il n’a aucune autorité pour me demander quoi que ce soit et je pars. Un autre jeune vient à sa rescousse et je commence à m’inquiéter mais je poursuis ma route, sourd à leurs demandes. Après quelques minutes, du haut de la falaise arrivent deux militaires, l’un en civil, l’autre en militaire qui me disent qu’on a signalé que je photographie des objectifs militaires. Nous discutons, j’explique que je suis touriste, photographe et qu’à ce titre j’ai fait des photos de paysage… Ils exigent de voir les photos sur mon display… et constatent qu’il n’y a pas matière à fouetter un chat… et me souhaitent un bon séjour…

Belle journée et belle route qui me conduit jusqu’au port de commerce où règne une animation inhabituelle : sur les quais, on a dressé des barnums où quelques Imams reçoivent des fidèles, où se presse une foule immense. Je sors de la zone et me retrouve à côté d’un parc où je vois de nombreuses femmes qui préparent sur des feux, un repas. Certaines coupent de la viande, d’autres la cuisent, et aussi d’autres préparent des légumes. Je suis attiré… viens à moi Moktar qui me dit : « mon frère, tu veux entrer ici ? Je te conduis car sans moi, tu ne peux entrer, ici, on fête le retour du Prophète que les Français avaient exilé ! » Français étant moi-même, je me sens petit mais il me promène dans le parc et m’autorise à faire des photos. Quand je la quitte, il me met autour du cou un collier tribal que je porte encore aujourd’hui… mais il me dit aussi que pour organiser cette fête, ce serait bien que je participe pour un sac de riz ! Moi, ignorant le coût d’un sac de riz, je donne 5.000 francs CFA et il me dit : « mon frère, un sac, c’est 10.000 c’est-à-dire « 15 € » ce que j’ai donné, bien sûr ! 










Niciun comentariu:

Trimiteți un comentariu